Kinkaku-Ji, so beautiful you will want to burn it down.

Kinkaku-Ji

Words by my overly talented friend Clément Girard
Version française après l’anglaise.

It’s a vision. A mirage that seems to float in the heart of a pine forest. Kinkaku-ji, also known as the Golden Pavilion, is a burning star whose magnetic beauty radiates and eclipses the lush nature of the Buddhist temple of Rokuon-ji, located thirty minutes from downtown Kyoto.

At the end of a sinuous and silent path – not to mention the delightful metallic sound of the cicadas that inhabit the woods during the summer and early fall months –, this coveted treasure comes with a natural backdrop that evokes a green velvet jewelry box in multiple shades of foliage. A true jewel, entirely covered in gold and exquisitely bathed in light.

On the three floors of Kinkaku-ji, three architectural styles celebrate the visual heritage of Japan. The lines are graphic, just like the pines whose trunks stand rigorously in the background. However, nothing looks rigid in this preserved setting where everything is more or less curved, where roofs, trees and rocks are reflected in the brilliant opacity of the pond, as in a mirror. The surrounding garden is an invitation to contemplation. Meditation time cannot be interrupted by anything, except the shadow of a richly colored butterfly, the fluttering wings of a dragonfly, or the flight of a bird that lands at the top of the pavilion, where the majestic golden phoenix that adorns its roof once settled.

All along the path that surrounds Kinkaku-ji, visitors can only guess at the temple through the foliage. Hopefully, it reappears, a few meters further, behind a bunch of azaleas in full bloom. Although it never seemed so close, the building remains inaccessible, like an impenetrable structure placed under some invisible glass. Kinkaku-ji looks like a fleeting dream, an image in the center of a natural frame, for your eyes – and your camera lens – only.

A photogenic and literary fantasy, Kinkaku-ji gave its name to Yukio Mishima’s famous novel, The Temple of the Golden Pavilion, starring this mythical place. In this book, Kinkaku-ji is the ultimate symbol of beauty, the object of a destructive passion that will lead the protagonist – a Buddhist monk literally obsessed with the building – to set it on fire. Inspired by a series of events that occurred in 1950, this story exemplifies the Japanese writer’s poetry tinged with melancholy, irony and darkness.

“The country’s defeat was for me just such an experience of despair. Even now I can see before me the flame-like summer light of that day of defeat, 15 August. People said that all values had collapsed; but within myself, on the contrary, eternity awoke, was resuscitated and asserted its rights. The eternity which told me that the Golden Temple was to remain there forever. The eternity that descended from heaven, sticking to our cheeks, our hands, our stomachs and finally burying us. How cursed a thing it was! Yes, in the cries of the cicadas that echoed from the surrounding hills, I could hear this eternity, which was like a curse on my head, which had shut me up in the golden plaster.”

Destroyed several times, always rebuilt, Kinkaku-ji is a color photograph of traditional Japan. An ode to green as a symbol of the eternal renewal of nature and to gold as a sacred metal charged with divine symbolism, constantly melted and transformed under the skilled hand of the goldsmith. A metaphor for Japan and its poetry, resilience and harmony.

Version française

C’est une vision. Un mirage qui semble flotter au cœur d’une forêt de pins. Le Kinkaku-ji, également connu sous le nom de Pavillon d’or, est un astre brûlant dont la beauté magnétique illumine, irradie, éclipse la nature luxuriante du temple bouddhiste du Rokuon-ji, situé à quelques dizaines de minutes du centre-ville de Kyoto.

Au bout d’un sentier sinueux et silencieux – si l’on fait abstraction, l’été, du délicieux chant métallique des cigales qui peuplent les bosquets –, ce trésor tant convoité se dévoile comme dans un écrin de velours aux multiples nuances de vert. Un véritable joyau, entièrement recouvert d’or et baigné d’une exquise lumière dorée.

Sur les trois étages du Kinkaku-ji, trois styles d’architecture témoignent de l’histoire esthétique du Japon. Les lignes sont graphiques, à l’instar des pins dont les troncs se dressent avec rigueur en arrière-plan. Pourtant, rien n’est rigide dans ce décor préservé où tout est plus ou moins courbe, où les toits, les arbres et les rochers se reflètent, comme dans un miroir, dans l’éclatante opacité de l’étang.

Le jardin qui l’entoure est une invitation à la contemplation. Une parenthèse méditative que viennent parfois perturber l’ombre d’un papillon richement coloré, le battement d’ailes vibrant d’une libellule ou le vol d’un oiseau qui se pose au sommet du pavillon, là où s’est un jour installé le majestueux phénix doré qui orne son toit.

Lorsque que l’on s’aventure le long du chemin qui ourle le Kinkaku-ji, ce dernier disparaît à travers les feuillages avant de réapparaître, quelques mètres plus loin, comme par surprise, au détour d’azalées en fleur. Bien qu’il n’ait jamais semblé aussi proche, le bâtiment reste pourtant inaccessible. Seul sur son île, le Kinkaku-ji est une construction impénétrable, que l’on croirait placée sous une vitre invisible. Une image emprisonnée dans un cadre naturel, un songe fugace que l’on observe et que l’on photographie sans jamais pouvoir l’effleurer.

Fantasme aussi photogénique que littéraire, ce lieu mythique a donné son nom au célèbre roman de Yukio Mishima, Le Pavillon d’or, dont il est le véritable héros. Le Kinkaku-ji est la beauté personnifiée, l’objet d’une passion destructrice qui conduira le protagoniste de cet ouvrage – un moine bouddhiste littéralement obsédé par le bâtiment – à l’incendier. Un drame inspiré d’un fait réel survenu en 1950, qui convoque toute la poésie teintée de mélancolie, d’ironie et parfois de noirceur de l’écrivain japonais.

 La défaite ne fut pour moi qu’une occasion d’expérimenter ce désespoir ; rien d’autre. Je vois encore le flamboiement de ce 15 août. Chacun allait répétant que toutes les valeurs étaient par terre ; pour moi, au contraire, c’était le réveil de l’éternité, sa résurrection ; et elle réaffirmait ses droits. Elle me disait que le Temple d’Or serait toujours là à travers les siècles ; elle nous pleuvait du ciel, se collait à nos joues, à nos mains, à nos ventres, et pour finir, nous ensevelissait… Une malédiction !… Oui, en ce jour de fin de guerre, je l’entendais planer au-dessus de ma tête, cette éternité maléfique, mêlée à la voix des cigales dans les collines d’alentour : elle me faisait disparaître sous une couche d’enduit doré. »

Détruit à plusieurs reprises, toujours reconstruit, le Kinkaku-ji est une photographie en couleurs du Japon traditionnel. Une ode au vert, à l’image de la nature éternellement vouée à se faner sous le joug des saisons pour renaître sous un nouveau jour, et à l’or, tel ce métal à la symbolique divine, transformé par la main de l’orfèvre, qui fond et se réinvente, lui aussi, à l’infini. Une métaphore du Japon et de sa poésie, de sa résilience et de son harmonie.

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