One week in Hong Kong

Texte de Clément Girard
Photos de Klara Blanc

Cosmopolite, vibrante et riche de contrastes, Hong Kong est une ville d’une renversante verticalité. Face à la péninsule plus paisible de Kowloon, au Nord et à l’ombre du Peak, situé au Sud de l’île, ses buildings, ses escalators – les plus longs du monde – et ses rues en pente, dont l’impressionnante Ladder Street, dessinent une géométrie complexe. Paradoxalement, ne pas s’y perdre serait une erreur. Paradoxalement encore, c’est peut-être dans ces tours de verre et d’acier – si souvent impersonnelles – que s’appréhendent le mieux les contrastes de la vie hong-kongaise. À cet étage, le siège d’un grand groupe de luxe. Au-dessus, un salon de massage traditionnel. À quelques minutes d’ascenseur, des bureaux débordant de jeunes cadres en ébullition. Plus haut encore, un rooftop baptisé Cé La Vi, Wooloomooloo ou Piqniq. Tout se côtoie, se tutoie, sous un seul et même toit. A l’extérieur, rythmé par le bruit entêtant des passages piétons, s’intensifie le chassé-croisé permanent, bourdonnant, de la mégapole. Les costumes humides frôlent les robes en polyester qui laissent peu de place à l’imagination. Au sol, un ballet de souliers à lacets et d’escarpins à plateformes, instruments de torture modernes d’une île qui ne dort jamais. Ou bien, dort-elle, les lumières allumées ? Pour fuir cette frénésie urbaine, il faut emprunter le MTR, à quelques dizaines de minutes du centre pour se retrouver en pleine nature, à gravir les marches en pierre du monastère des 10 000 bouddhas. Un lieu unique, spirituel, au milieu des monts verdoyants. Au loin, les gratte-ciels se dressent pour vous rappeler toute l’ambiguïté du lieu. Ici, les couleurs sont saturées à l’extrême : le rouge flamboyant des temples bouddhistes résonne avec la peinture couleur d’or des sculptures, aux gestes délicats. Retour à la ville. Pendant que les habitués et les curieux se délectent de dim sum chez Din Tai Fung et Tim Ho Wan, certaines croquent des diamants dans les salons feutrés de Causeway Bay et de Landmark. L’argent y est omniprésent. Le luxe aussi. Sans complexe et parfois sans étiquette. Les tai tai en tailleur Chanel de Canton Road côtoient les sacs Gucci, négociés au dollar près sur Temple Street Market, à la tombée de la nuit. La foule se déplace dans une chorégraphie millimétrée, celle d’une métropole aux multiples influences : britannique, vestige du colonialisme, mais aussi japonaise, européenne, et bien sûr chinoise. L’ombre du continent est là, atténuant les enseignes lumineuses aux néons fluorescents, sans pour autant perturber la promesse exquise de nuits sans fin. À l’aube, les expatriés de Central, verre à la main, se mêlent aux fidèles du temple de Man Mo, dans le quartier de Sheung Wan, venus agiter des bâtons d’encens. Le long des échoppes traditionnelles, l’odeur de fruits de mer séchés nous serre le cœur. A moins que ce ne soit déjà la nostalgie du retour ?

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